Office National de Diffusion Artistique

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Carnet #8 - Corse

Un état du spectacle vivant pour la jeunesse sur l’île de beauté
Voyage de repérage création jeune public Onda en Corse
Élise Ternat, directrice de La Mouche à Saint-Genis-Laval

On dit des voyages qu’ils nous déplacent, lavent le regard porté sur ce que l’on pensait acquis. Du proche au moins proche, la Corse est une destination familière, facile d’accès, mais contre toute attente, le décalage que l’on y découvre sur place est pour le moins prégnant. 
 
Comment vont la culture et le spectacle vivant à destination du jeune public en territoire insulaire ? Qu’est ce qui les différencie de la création et de l’offre artistique pour la jeunesse du « continent » ? Qu’est-ce qui les rapproche au contraire ? Et comment, à la manière d’une partie pour le tout, est-il possible de lire un écosystème comme un état du réel, sous le prisme de la création ? Si ces quelques questions n’ont pas trouvé de réponses tranchées, cette vision préalable n’en a pas moins été décalée, bousculée et au final affinée.
 
Et une chose est certaine, depuis les modes de fonctionnement jusqu’aux considérations portées sur la création pour la jeunesse, la dimension insulaire et historique demeurent de première importance.

Sur place, une petite mais non moins joyeuse équipe composée de quelques directions de lieux représentatifs de la dynamique hexagonale de par leurs diversités structurelles et géographiques. Labellisés ou non, tous sont inscrits dans des logiques de réseau, pour investiguer ou tenter de comprendre, appréhender et surtout confronter les regards : l’Onda, organisateur du déplacement, le Totem Avignon, le Théâtre de l’Hôtel de Ville à Saint-Barthélemy-d’Anjou, Le Grand Bleu à Lille et La Mouche à Saint-Genis-Laval.

Carnet #8 - Corse

PROGRAMME

Jour 1 : découverte du Théâtre Alibi à Bastia, rencontre avec François Bergoin et Catherine Graziani, les directeurs, ainsi que Marina Lahitte-Loustau pour la région Corse, avec mise en contexte du paysage insulaire et étape de travail du spectacle La Peau des autres, de la compagnie Acrobatica Machina  (création juillet 2025 au Train Bleu, Avignon).
 
Jour 2 : découverte du lieu AnimA à Prunelli-di-Fiumorbo - Accueil de Olivier Van Der Beken, directeur de la structure AnimA (Centre culturel de statut associatif avec activité principalement axée sur la formation musicale et les ateliers de pratique, accompagnements de compagnies et diffusion de spectacles.) Rencontre avec différentes compagnies, Fiora Giappiconi, présentations de spectacles et étapes de travail, échanges et interconnaissance.

Jour 3 : découverte de la Direction de la Culture et  de L'Animu  à Porto Vecchio – visite par Céline Girard, programmatrice et médiatrice culturelle, Présentation du spectacle Martha et ses chats.
Visite de la médiathèque, de l’espace culturel, de la dynamique générale de la collectivité. Échanges artistiques, feedback et échanges de pratiques avec les structures et les compagnies en présence.
 
Jour 4 : lancement de la plateforme jeunesse U mino par Marie Luce Paccioni, directrice de la culture d’Ajaccio, au Théâtre Aghja d’Ajaccio en présence de son directeur artistique Christophe Lampérière, découverte de l’entité Creacirque.

Depuis le Théâtre Alibi à Bastia, au Centre culturel AnimA de Prunelli-di-Fiumorbo, en passant par l’Animu de Porto-Vecchio, sa médiathèque ainsi que La Salle Rouge, jusqu’au théâtre Aghja d’Ajaccio, le positionnement et la place tenus par chacun des acteurs et financeurs sont autant d’éléments clé pour la compréhension de cet écosystème particulier avec une place historiquement forte de la Région en lieu et place de la DRAC, missionnée sur d’autres domaines que le spectacle vivant.
 
Ainsi, les directions de lieux, compagnies installées sur place et différents acteurs façonnent un territoire artistique de leurs engagements et des environnements culturels. D’autres paradigmes dessinent des paysages esthétiques pareils à ceux découpés au rythme des crêtes et autres routes en lacets, reliant des espaces dont la ruralité façonne les dynamiques des artistes et des territoires.
 
Dès lors, on ne peut qu’être frappé de voir comment le va-et-vient, la rencontre d’autres acteurs et actrices, la compréhension d’enjeux multiples et d’enracinements forts, la capillarité, inhérentes au brassage, se heurtent à la tentation de la préservation. Ce souci de conserver un lien fort et authentique avec l’île ne trouve-t-il pas en corollaire un risque d’aridité, voire d’assèchement ?

Et pourtant des îlots de structuration, des dynamiques joyeuses et vertueuses prennent forme, telles la naissance d’un réseau d’acteurs en faveur de la jeunesse Umino, toute nouvelle plateforme née à cette occasion, et témoignent de la volonté prospective de partager une vision commune d’engagement et d’exigence en faveur des jeunes publics.
 
De retour, un sentiment de reconnaissance immense pour la qualité de l’accueil, l’authenticité et la richesse des échanges. Le tout mâtiné par la sensation d’avoir rapporté avec soi, la complexité d’un questionnement, la force d’un pas de côté ou d’une brèche, la mise en mouvement intellectuelle d’un déplacement.
Des perspectives heureuses enfin de mise en réseau à l’œuvre, de connexions naissantes et d’échanges promis à nourrir.
 
Un enjeu commun demeure : le souci et la responsabilité de la qualité de ce qui peut être donné à voir à des publics jeunes et non moins exigeants, pour outiller les esprits critiques en devenir.